Projet de 30 logements, en cours d'étude, situé à Melun (77).
Un logement bien isolé réduit les pertes de chaleur, ce qui génère des économies d'énergie et améliore durablement le confort interne.
Face aux nombreux impayés, certains offices d'HLM sont amenés à pratiquer une démarche de développement durable afin de diminuer les charges locatives. Dans ce but, ils préconisent une approche plus écologique. Et s'appuient sur des dispositifs conceptuels et techniques performants et innovants, qui diffèrent selon les programmes et leur implantation locale. Concernant l'organisation des espaces intérieurs, la plupart des architectes préconisent des appartements traversants, souvent accompagnés de balcons, loggias, terrasses et/ou jardins. Ainsi, le programme de l'impasse du Gué, de 93 logements dans le xviiie arrondissement de Paris conçu par l'architecte David Elalouf et la société Paris Habitat OPH (voir encadré), possède une majorité d'appartements à double orientation. Certains d'entre eux sont dotés de balcons en façade sud ou de loggias orientées à l'ouest. De même, l'opération des Héliades de 30 logements - en cours de chantier à Saint-Dié-des-Vosges (88), de l'architecte François Lausecker et la SA d'HLM, le Toit Vosgien - prévoit des logements traversants, la façade sud étant dotée de loggias. Cette disposition assure un meilleur éclairement des espaces habités, une ventilation naturelle et un confort accru. Pour les 26 logements collectifs en cours d'étude, qui seront réalisés dans la ZAC Jeanne-d'Arc à Reims (51) par le maître d'ouvrage l'Effort Rémois, les architectes Lipa et Serge Goldstein ont privilégié la lumière, le volume et la double orientation.
Des façades surisolées
Les logements bénéficient d'une hauteur sous plafond comprise entre 3,20 m et 3,80 m, et de profondes loggias, prolongements extérieurs appropriables. La conception peut tenir compte de la volonté de faire évoluer les logements, en facilitant notamment le maintien à domicile des personnes âgées, comme dans l'opération parisienne de l'impasse du Gué.
Ces bâtiments sont accessibles de plain-pied et huit appartements sont aménagés pour des personnes à mobilité réduite, avec une installation domotique adaptée. La réglementation handicapés rend obligatoire l'accessibilité d'un certain nombre de logements, comme ceux implantés en rez-de-chaussée. Les enveloppes d'immeubles sont toutes surisolées afin d'éviter les déperditions caloriques. Différents matériaux sont mis en œuvre. Si la structure à murs en béton armé est la plus utilisée, elle est désormais revêtue d'une peau isolante, aux composants variés. Pour les Héliades, les murs extérieurs, les combles et le sous-sol sont isolés avec de la laine minérale, respectivement de 320, 310 et 400 mm d'épaisseur. Les menuiseries sont équipées de triple vitrage et de stores extérieurs gérant les apports passifs. À Reims, deux types de façades isolées par l'extérieur limitent les ponts thermiques.
La façade ouest est parée d'un bardage à lames fixes microperforées, qui s'harmonise avec les rideaux métalliques d'occultation solaire posés en continuité. Ce bardage est fixé sur deux couches d'isolant en polyuréthanne, de 15 et 10 cm, collées sur les voiles béton. Les façades est et latérales (nord et sud) sont habillées de panneaux en textile tendu sur des cadres métalliques, doublés du même isolant. Un projet de 30 logements, en cours d'étude, situé à Melun (77), conçu par l'architecte Jérôme Brullé avec l'OPH 77, bénéficie des labels THPE 2005 (1) et H&E (2). Aussi, les voiles béton des façades (16 cm) seront dotés d'un système d'isolation par l'extérieur (ITE), formé de polystyrène expansé (12 cm) fixé mécaniquement et d'un revêtement plastique épais. Sur les façades nord et ouest, ce complexe recevra des panneaux préfabriqués matricés de 6 m de hauteur, aux motifs en forme de bambous.
Pac et solaire thermique
Les châssis des fenêtres seront posés au nu extérieur des façades afin d'éviter les ponts thermiques. Chaque office d'HLM choisit des matériaux de construction pérennes selon ses propres critères. L'office du Toit Vosgien fait figure de précurseur puisqu'il emploie le bois en structure depuis une vingtaine d'années déjà. Les Héliades ont été bâtis en ossature préfabriquée bois (murs, refends et planchers), sur trois et quatre étages, le soubassement étant maçonné. Idem pour les 22 maisons de ville, en cours de chantier, à Saint-Dié-des-Vosges, bâties avec le système KLH à panneaux en bois massifs (voir encadré).
En matière d'équipements techniques pour la production de chauffage, l'électricité et la ventilation, différentes technologies sont mises en place. Ainsi, à Reims, où l'opération est certifiée RT 2005, un chauffage collectif par pompe à chaleur (pac) air/eau avec émission par plancher chauffant basse température dans toutes les pièces a été mis en place. Ce dispositif est complété par un chauffage électrique individuel dans les sanitaires et une VMC double flux à très haut rendement (90 %). L'eau chaude sanitaire (ECS) - produite par une pac eau/eau placée en terrasse - est associée à des capteurs solaires (taux de couverture solaire minimal annuel visé de 55 %). De plus, 505 m2 de panneaux photovoltaïques, posés en toiture et en allèges de garde-corps, doivent garantir une production d'électricité estimée à 53 025 kWh/an. Un procédé de ventilation double flux a également été mis en œuvre dans les habitations de l'impasse du Gué. Les logements du programme des Héliades sont équipés d'une VMC individuelle à double flux, avec échangeur et batterie électrique de 2,2 kW. Et l'ECS est produite par des capteurs solaires disposés en façade du dernier étage des duplex. Ils alimentent des ballons individuels de 200 et 400 litres (selon les appartements), l'appoint étant assuré par une chaudière collective gaz à condensation de 25 kW, et une autre à cogénération gaz de 12,5 kW et 4,7 kW électrique.
Isolation renforcée pour l'existant
En réhabilitation, la problématique est proche, l'enveloppe existante étant conservée. L'exemple d'un bâtiment de 1966 situé à Raon-l'Étape (Vosges), fait l'objet d'une étude par l'architecte Jean-Luc Schmitt et la société Le Toit Vosgien. Outre la création d'une crèche, les vingt-deux studios initiaux, innervés par un couloir central, seront regroupés deux par deux pour devenir 12 appartements de trois pièces traversants, desservis par une coursive en façade. Le bâtiment passif bénéficiera d'une isolation par l'extérieur renforcée, avec l'injection sur les murs en béton de 300 mm de ouate de cellulose, puis l'application d'un pare-pluie en laine de bois (22 mm) et d'un bardage en clins de bois. Les combles et les vides sanitaires seront isolés avec le même matériau. Le chauffage de l'édifice sera assuré par une chaudière collective bois, reliée aux logements par une ventilation double flux, couplée à une batterie chaude. L'ECS sera produite par 25 m2 de panneaux solaires placés en toiture qui alimenteront un ballon collectif mixte de 2 500 litres. Enfin, certains offices, poussent plus loin la démarche écologique, comme l'OPH 77 qui propose de favoriser la biodiversité en milieu urbain. Dans le projet de 30 logements de Melun, déjà évoqué, deux ruches seront installées en toit-terrasse, à côté des toitures végétalisées, avec une fonction pédagogique. Des mangeoires à oiseaux seront placées dans les jardins des logements en rez-de-chaussée.