Il semble inévitable que, dans les prochaines années, le secteur du bâtiment s’inscrive dans la dynamique globale de l’internet des objets, s’appuyant en cela sur la maturité et le niveau de services de ces nouvelles technologies. Par internet des objets (IoT pour “Internet of Things”), on entend la capacité d’objets ou d’équipements à collecter et à partager des informations sur leur état ou leur environnement au travers de multiples capteurs. Ce partage s’effectue entre ces mêmes objets ou avec un humain via internet. Le but étant, d’une part, de proposer une expérience, un confort ou un niveau de services améliorés avec le minimum d’intervention, et ,d’autre part, de diminuer coûts et maintenance.
Cela nécessite toutefois des aménagements qui vont modifier radicalement l’environnement bâti que l’on connaît. Lesquels sont de plusieurs ordres. D’abord infrastructurel, avec un besoin accru en centrales électriques, data centers, capacité de calcul, refroidissement et câblages. En tant que tel, un nouveau réseau d’infrastructures devrait naître sur le territoire. Ensuite, à l’échelle du bâtiment, il va falloir câbler l’ensemble des surfaces. Car la moindre porte aura désormais besoin d’électricité et d’une connexion au réseau pour collecter des informations et les communiquer. Enfin, une vraie révolution se jouera du côté de l’interface usager-bâtiment. Là où, aujourd’hui, seul l’opérateur en charge de la maintenance dialogue avec le bâtiment via une GTB, demain, chacun pourra être acteur de son usage. Nous sommes donc à la veille d’une évolution majeure pour l’ensemble des échelles du bâti (immeuble, quartier, ville…).
Mais, à bien y regarder, ce n’est pas la première fois que cela se produit. On a déjà assisté, dans le secteur de la construction, à un changement majeur de paradigme lié à la technologie. Il a notamment été l’aiguillon des années 60-70, lorsque le développement de l’automobile a précipité les territoires dans une sorte de folie aveugle pour ce qui était à l’époque le progrès. Les bâtiments se sont métamorphosés en “parcs à garer des voitures”, les centres-villes en systèmes de gestion du flux routiers, les campagnes en zones traversées à plus de 100 km/h : la foi en ce progrès a amené la France à radicalement modifier, au nom de la technologie, son espace national. Quarante ans plus tard, nous continuons d’en payer le prix avec des opérations de rénovation urbaine de grande ampleur. Si les cœurs des grandes agglomérations en sont pratiquement revenus, les périphéries en conservent toujours de profonds stigmates.
Lorsqu’on dresse le bilan de l’argent et de l’énergie dépensés pour faire - puis défaire - cette logique du “tout automobile”, on peut parler de gaspillage. Pourtant, les hommes et femmes de l’époque qui ont conçu ces ouvrages étaient convaincus du bien-fondé de leur démarche… Il y a toutefois une différence entre le fait d’être conçu pour et par les interactions humaines (ce qui constitue un invariant) et par une technologie (par essence fortement variable) : à cet égard, le bâtiment possède une temporalité plus proche de celle de l’homme que de la technologie. Voilà en quoi réside l’erreur des années 70. Et voilà pourquoi elle se reproduira si nous ne changeons pas notre manière de construire. Sommes-nous vraiment certains de vouloir dédier des pans entiers de nos systèmes urbains à une technologie qui n’existera probablement plus sous cette forme dans quinze ans - au risque que l’histoire se répète ? C’est donc avec vigilance que nous devrons intégrer ces nouvelles avancées dans la construction, pour éviter que les bonnes idées d’aujourd’hui ne deviennent les problèmes de demain.
« Pour quels lendemains bâtissons-nous ? »
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